Mais qu'est ce que je fais là ?! [ PV Vanessa ]

Ce qui est susceptible d'arriver lorsque l'on se promène de nuit avec la tête dans les nuages, même en ayant un cerveau super développé, c'est de se perdre, en empruntant des chemins de traverse.
Matthew avait quitté son appartement en fin d'après-midi pour se promener, et comme il avait prit son temps, la nuit était tombée sur la ville.
Il n'ignorait pas que le pourcentage d'agressions était plus important à cette période de la journée, et pourtant, il avait continué sa route.
Et puis, au détour d'une ruelle sombre et inhospitalière, il s'était rendu compte qu'il était égaré...

Cela n'était pas vraiment un problème, puisqu'il avait apprit la carte de New-York par cœur. Il connaissait chacune de ses rues, et l'ensemble de ses quartiers, aussi, il n'aurait aucun mal à rentrer chez lui en faisant demi-tour !
Concentré, il s'efforçait de déterminer sa position, quand une jeune femme à demi-nue l'avait abordé.
A DEMI-NUE ?!

Stripteaseuse : Bonsoir mon chou !

Lorsqu'il était la cible de violentes émotions, il n'était pas rare que le jeune homme perde momentanément le contrôle de ses neurones, et c'était exactement ce qui s'était passé...

Stripteaseuse : Il fait plutôt froid ce soir, tu ne trouves pas ? Et si tu venais te réchauffer un peu, humm ?

Langoureuse, l'inconnue se trémoussait, ne manquant pas de poser ses mains baladeuses sur le torse du surdoué, qui s'était éloigné d'elle à reculons.

- Euh écoutez...

Stripteaseuse : Mais je t'écoutes trésor... Demandes moi tout ce que tu voudras...

- A... arrêtez s'il vous plaît, je ne suis pas là pour...

La simple pensée que certains représentants de la gente masculine puissent fréquenter des endroits comme celui qui se trouvait à l'évidence tout proche le faisait frissonner...



Il avait fini par échapper à la courtisane, et s'était réfugié dans une impasse, le visage en feu.
Encore tout retourné, il n'avait pas entendu Vanessa, personne qu'il considérait comme sa sœur, s'approcher de lui avec ses pas de féline.

- Oh, Salut... Je suis heureux de te voir.

Sans qu'il ne s'en rende compte, la fille de joie avait glissé dans l'une de ses poches de pantalon une carte de visite, détail qui n'avait pas échappé à son interlocutrice.
Comme elle ne manquait jamais une occasion de se moquer gentiment de lui et de sa maladresse sentimentale, il s'était empressé de se justifier :

- C'est pas ce que tu crois...

Bien évidemment, et comme il s'y était attendu, Vanessa avait été prise d'un fou rire incontrôlable après lui avoir subtilisé le petit morceau de papier rectangulaire que lui avait laissé la courtisane, avant d'imiter cette dernière avec un certain talent, ravivant légèrement son malaise :

Vanessa : Mais je te crois trésor, je te crois !

Ah ah, très drôle !
Ne sachant trop quoi dire pour sa défense, le jeune homme avait glissé ses mains dans ses poches, la bouche déformée par l'une des petites grimaces qui lui étaient propres.

Vanessa : Non mais sérieusement, qu'est ce que tu fais dans un endroit pareil ?

La féline semblait avoir à peu près retrouvé son sérieux, aussi, il en avait profité pour reprendre la parole, confus :

- Je me promenais, et puis... Je suis arrivé ici par hasard. Mais je n'avais aucune intention de... faire quoi que ce soit avec ces femmes.

A vrai dire, il aurait fallu le forcer rien que pour le faire entrer dans la boîte de streap-tease, et il était fort probable qu'il n'aurait pas voulu prêter attention au spectacle humiliant auquel les filles de joie se livraient devant une bande de mâles primaires, et vulgaires à souhait, alors de là à ce qu'il tente un rapprochement physique...

Il s'était interrompu durant quelques instants, avant de froncer légèrement les sourcils, alors qu'il reprenait lentement ses esprits :

- Mais... et toi ?

Soudainement, une chose répugnante lui avait effleurée l'esprit...

- Si tu as besoin d'argent, ce n'est pas un problème tu sais ? Tu peux demander, et...

Mais qu'est-ce qu'il racontait ?
Vanessa n'était sans doute pas là pour se prostituer !
Lentement, il s'était laissé glisser le long d'un mur, avant de s'assoir, et d'enfouir son visage dans ses mains fines.

- Excuses moi. Je ne voulais rien insinuer. C'est juste que... j'ai l'impression d'avoir pris un coup sur la tête.

OK, on se calme, on respire, tout va bien, le " danger " est écarté. La fatigue, mêlée à son agitation intérieure, avait chamboulée le surdoué, peut-être plus qu'il ne l'aurait imaginé...
Il fallait dire qu'il n'avait pas dormi depuis plus de 24h, trop occupé à dévorer une série de livres concernant l'informatique...

Vanessa : Ça, tu n'avais pas besoin de me le préciser ! Ça m'étonne que tu ne lui ait pas sorti les probabilités de choper des saletés avec ce genre d'activités ! Tu l'aurais fait fuir à coup sûr avec tes chiffres !


Plus de 40 millions de personnes atteintes du Sida dans le monde, dont 50% de femmes, ce n'était pas rien, et cela méritait d'être su !
Il était assez incompréhensible que des gens se livrent encore à de telles activités sans se protéger, en aucune façon. C'est vrai quoi, ils n'étaient plus au moyen-âge !
Enfin, même avec d'excellentes intentions, et des arguments en béton, il se serait fait mettre dehors avant même d'avoir pu ne serais-ce que toucher l'esprit de l'une des " victimes " de ces pratiques bien peu catholiques, alors à quoi bon ?

Son amie avait semblé offensée par la crainte qu'il avait énoncée à voix haute, si bien qu'il s'était maudit intérieurement de lui avoir laissé croire qu'il la prenait pour une prostituée.
Ce n'était pas le cas. Il avait beaucoup de respect pour elle, et il savait qu'elle était capable de faire les bons choix dans sa vie, même si elle était parfois très impulsive...
Fort heureusement, elle avait visiblement décidé d'oublier l'affront, puisqu'elle s'était installée à ses côtés, avant de poser un doigt sur sa tempe gauche, et de le taquiner à nouveau :

Vanessa : Dis moi, tu es au courant qu'il faut parfois reposer tes petits neurones ? Si tu les fais travailler tout le temps, tu risques la surchauffe !


La surchauffe...
En s'imaginant avec la tête gonflée, cramoisie, et libérant des jets de vapeurs, le surdoué avait esquissé un sourire.

- Ne t'en fais pas pour moi, je vais bien.

Le contact physique avec la demoiselle ne le dérangeait pas, du moins, plus depuis plusieurs années. Lorsqu'il avait accordé sa confiance, et qu'il était intimement convaincu d'avoir affaire à une franche amitié, il se montrait plus détendu, différent de ce que le commun des mortels avait l'habitude de voir de lui.
Aussi, il n'avait pas décollé son épaule de la sienne.

Vanessa : Mais puisque ça t'intéresse, sache que je suis, ou plutôt j'étais, en mission ! Mais maintenant que j'ai terminé, je peux me consacrer pleinement à toi et faire tout ce que tu me demanderas !

Une mission ?
Quel genre de mission ? Sa curiosité naturelle reprenait le dessus...

- Ah oui ? Tu cherchais quelqu'un ?

La dernière " pique " de son interlocutrice l'avait poussée à ajouter :

- Tout ? Et si on parlait d'autre chose, hum ?

Ah la vilaine !
Elle savait parfaitement comment s'y prendre pour l'avoir, et comme elle prenait un plaisir manifeste à l'enquiquiner, et qu'il peinait à feindre une assurance qui n'était pas la sienne, elle avait souvent l'occasion de rire... Menfin, ce n'était pas méchant, et c'était le principal...

Vanessa : Tu es sûr ? Tu as l'air tout retourné ! Si c'est la streap teaseuse qui t'as fait cet effet, je ne préfère pas imaginer ce que ce sera si tu rentres dans le club.

Une fois encore, elle avait posé le doigt sur une vérité pour le moins embarrassante. Toutefois, peu désireux de s'attarder d'avantage sur le sujet, le mutant avait esquivé la question, en se contentant de répondre un bref :

- Ce n'est pas prêt de m'arriver je crois...

La conversation avait ensuite dérivée sur la mission de la jeune femme, à son grand soulagement.

Vanessa : Un rendez-vous pour échapper aux militaires. Comme beaucoup de mutants qui souhaitent retourner dans l'anonymat. Ce n'était pas la plus palpitante mission de l'année mais au moins je sais que je pourrais faire une excellente streap-teaseuse selon les dires de certains.

Le problème mutant, car cela en était devenu un depuis la stupide guerre qui les avait opposés aux humains ordinaires, était sérieux, et préoccupant. Génome X faisait tout son possible pour récupérer ses " créations " et les mettre à son service, et celles qui n'étaient pas reprises étaient souvent tuées par l'armée et ses sbires.
Triste et difficile réalité, mais il fallait bien s'y faire, à cause de la cupidité de certains...

Les détenteurs de capacités qui appartenaient à l'organisation nommée Mutant-X étaient des sortes de héros si l'on y réfléchissait bien. Chaque jour, ils donnaient de leur personne pour venir en aide à leurs " semblables ", et c'était une chose admirable, vraiment.
Peu auraient volontairement choisit de se mettre en danger pour défendre un idéal, la majorité de la population préférant se cacher, en se fondant dans la masse, ou agissant en solitaire, mais Vanessa était de ceux là.
Et c'était l'une des raisons pour lesquelles elle pouvait être fière d'elle.

- On t'a dit ça ?

Quel manque de tenue !
Matt avait volontairement gardé pour lui ses compliments, réservés à son amie. Il n'était pas très doué pour exprimer ce genre de choses, mais il était certain que son regard le faisait bien mieux que des mots maladroits.

Vanessa : On peut éliminer le sujet sur ton inaptitude quasi-totale à faire face à la gente féminine alors ! On devrait essayer la gente masculine alors !

Le surdoué n'avait pas relevé. Lui qui était capable de tout apprendre, et qui parvenait généralement à se faire une idée très précise du caractère des femmes qu'il rencontrait, ne parvenait à se servir de ses capacités hors du commun pour se libérer de son célibat, en même temps que de sa réserve... Cependant, et cela, il en était sûr, il n'était pas gay !

Vanessa : Bon puisqu'on doit rester sérieux, qu'est ce que tu faisais avant de te retrouver dans ce coin mal famé ?

- Je lisais, puis j'ai décidé de sortir prendre l'air, mais je ne pensais pas marcher aussi loin. Et toi ? A part ta mission ?

Vanessa : Je suis allé dans une boîte de streap-tease Matt', évidemment qu'on m'a dit ça. Les gars là bas ne sont pas habitués à voir des filles aussi couvertes !

Gars, si l'on pouvait les appeler ainsi...
Enfin, passons. Une fois encore, le jeune homme avait préféré ne pas s'attarder sur la question, pour permettre à son interlocutrice de lui raconter sa journée.

Vanessa : Je n'ai pas fait grand chose. Les journées peuvent être longues quand on ne sait pas quoi faire. Alors avoir une mission m'a fait le plus grand bien. Même si c'était bref et peu passionnant.

Ainsi donc elle s'ennuyait... Cela avait quelque peu étonné Matthew, qui pensait que les mutants-X constituaient en fait une sorte de clan très soudé, qui, comme toute équipe digne de ce nom, renforçait les liens entre ses membres en leur faisant partager des mêmes activités, ou même des entraînements.
Et oui, car pour être apte à lutter contre l'armée, il fallait être un minimum entraîné, non ?
Lui même n'avait pas une vie sociale très riche. Ses contacts se limitaient souvent à son père, très occupé par son travail, et à quelques rares ami ( e ) s, avec qui il se sentait bien.
Le reste du temps, il s'instruisait, encore et toujours, parvenant à se passionner pour à peu près tout...

Vanessa : Allez debout Einstein ! Ma voiture est garée plus loin. Allons passer la soirée ailleurs que dans ces rues mal fréquentées.

Il fallait dire que c'était une bonne idée. Mieux valait ne pas rester dans le coin, au cas ou une prostituée ou un homme à moitié ivre ne décide de les aborder...
Aussi, le surdoué s'était redressé, mais alors qu'il allait demander à son amie où elle avait l'intention de l'emmener, il avait aperçu un visage qu'il connaissait...

L'espace d'un instant, il s'était revu enfant, à l'époque ou Génome-X avait encore un pouvoir sur lui. Dans les couloirs du laboratoire, il lui était arrivé de croiser cette personne, et ce qu'il en avait retenu n'était vraiment pas flatteur.
Comprenant qu'il y avait danger, il avait posé l'une de ses mains fines dans le dos de Vanessa pour l'arrêter.
Comme elle ne comprenait pas, il avait prit la parole :

- Je... je crois que j'ai laissé le gaz allumé dans mon appartement avant de sortir...

L'un de ses pouvoirs de féline était la vitesse, une vitesse qui dépassait de loin celle à laquelle était capable de se mouvoir un humain ordinaire. Elle ne devait pas avoir vu leur ennemi, si bien qu'il voulait lui donner une chance de s'enfuir avant qu'il ne passe à l'attaque. Mais pour cela, il devait lui mentir, car il savait qu'elle n'accepterait jamais de le laisser en arrière pour sauver sa peau...

- Tu crois que tu pourrais courir jusque là pour l'éteindre ?

Le temps leur était compté. A tout moment, la situation pouvait basculer en leur défaveur. Aussi, il espérait vraiment qu'elle accepterait, et que, devant la gravité de " son oubli ", elle disparaîtrait vite...

- S'il te plaît

Au départ, Matthew avait eu peur que son amie ne le croit pas, et découvre la supercherie grâce à son don, et ses sens surdéveloppés. Mais fort heureusement, au bout d'un petit moment d'hésitation, elle avait fini par se laisser convaincre :

Vanessa : Je ne savais pas que les petits génies pouvaient être étourdis à ce point !

Son mensonge tenait la route. En vérité, il aurait été capable d'un tel oubli, car quand il pensait à autre chose, il était fréquent qu'il commette des impairs.

Vanessa : Et te laisser là tout seul ? Comment tu crois que tu vas réagir à l'assaut de cinq jeunes femmes peu vêtues ?

A cet instant, les courtisanes représentaient un danger mineur. Toutefois, le jeune homme s'efforçait de ne rien montrer de son inquiétude grandissante, priant intérieurement pour que Vanessa s'en aille sans plus tarder, avant d'être prise pour cible par l'homme tapis dans l'ombre non loin de l'endroit où ils se trouvaient...

- Je m'en sortirais, ne t'en fais pas.

Ça, il n'en était lui même pas intimement convaincu. Seul, il serait vulnérable, car bien qu'il aurait pu apprendre tous les gestes d'autodéfense possibles et imaginables, il ne l'avait pas fait, n'étant pas un adepte de la violence.
Ce n'était plus le moment d'avoir des regrets, mais il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il avait été stupide d'agir ainsi. Savoir se battre un minimum était toujours utile, ne serais-ce que pour protéger une personne aimée...

Vanessa : Ok alors on fait un échange, tu prends ma voiture et tu commences à quitter l'endroit, je te rejoins dans exactement ... 6 minutes et 35 secondes.

Pendant qu'il récupérait les clés qu'on lui tendait, le jeune homme avait sentit les lèvres de la jeune femme se poser furtivement sur sa joue.
Il avait manqué de s'étouffer en avalant sa salive, mais même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas eu le temps de protester.
La féline était déjà loin.

6 minutes... en vérité, comme ils étaient samedi, il était fort probable qu'elle soit légèrement retenue, ce qui allongeait le délai de quelques secondes. Mais en courant à une allure soutenue, elle aurait largement le temps de revenir sur les lieux, se mettant du même coup en danger.
Il ne fallait pas que cela arrive...

Non sans avoir jeté un regard autour de lui, le surdoué s'était dirigé vers le véhicule de son amie, avant de s'installer au volant.
Il n'était pas assez naïf pour croire qu'il pourrait échapper à son ennemi, mais en s'éloignant de l'impasse, il rallongerait le temps que Vanessa mettrait à le retrouver...



Roulant à vive allure, Matt avait parcouru environ un kilomètre, avant que la voiture ne se retourne brusquement, le secouant copieusement au passage.
Quand il s'était immobilisé quelques mètres plus loin, le véhicule avait retrouvé sa position initiale, mais il était quelque peu amoché, et le mutant avait prit un coup à l'arcade sourcilière, ce qui provoquait chez lui un léger tournis.

Il allait s'extirper de son siège, quand la source de ses inquiétudes lui avait fait face, visiblement amusée :

Ennemi : Dehors.

Lentement, le jeune homme avait obéit, avant que son nouvel interlocuteur ne reprenne, moqueur :

Ennemi : Je croyais me souvenir que tu étais intelligent... Pas assez pour me fausser compagnie visiblement.

Il s'était interrompu durant un court instant, avant de reprendre :

Ennemi : Mon supérieur m'envoie. Il aimerait que tu cesses de vouloir l'éviter, et que tu rejoignes ses rangs. Considères ça comme un honneur.

- Alors vous lui direz que ça ne m'intéresse pas. Je ne cautionne pas ses actes.

Son poursuivant avait perdu son sourire hypocrite, avant de lui envoyer son poing dans la figure, et de siffler :

Ennemi : Je me suis mal exprimé. Ce que le chef veut, le chef l'obtient.

Après quoi, il avait sorti une arme de sa ceinture, arme qu'il avait braquée sur Matt, à terre.

Ennemi : Comme tu l'auras comprit, tu n'as pas le choix. Je vais te laisser deux petites minutes pour me donner une réponse plus adéquate. Réfléchis bien...

" Marche ou crève " était une expression qui collait bien avec la situation. Effrayé, le malheureux ignorait comment se tirer de ce mauvais pas...
Il ne pouvait pas se permettre de mettre les siens en danger pour sauver sa vie, mais se la voir enlever ne lui disait rien non plus, évidemment...

- Je m'en sortirais, ne t'en fais pas.

C'était très vite dit connaissant la maladresse prononcée de Matthew. Mais Vanessa le jugeait en sécurité dans sa voiture. C'était pour elle la meilleure attitude à avoir. Enfin, la meilleure aurait été de ne pas le laisser, tout simplement, mais elle ne voulait pas voir son appartement exploser à cause d'elle. C'est pourquoi elle parcourait les toits des immeubles à une rapidité impressionante. Elle se croyait investie d'une véritable mission, ce qui n'était évidemment pas le cas. Et c'est environ quelques minutes plus tard, avant qu'elle ai atteint l'appartement qu'elle se stoppa net dans son élan. Son coeur s'accéléra soudain face au mauvais pressentiment qui l'avait envahit. Perchée sur un immeuble, elle se retourna et s'appreta à reprendre sa course contre le gaz quand son instinct lui indiqua autre chose. Intuition féminine ou réelle sensation animale, Vanessa avait l'impression qu'elle devait rejoindre son ami au plus vite, au diable l'appartement et son gaz ouvert. Tandis qu'elle reprenait sa course folle dans l'autre sens, plus rapide que jamais, Vanessa se maudissait dans chaque langue intérieurement d'avoir été aussi stupide, naïve et déconcentrée. Elle aurait tout le temps de s'en prendre à Matthew. Arrivée là où elle avait laissé son ami, elle ne le trouva pas et elle se mit à renifler l'air. Puis elle se contraint à se baisser pour sentir le sol, cherchant l'odeur de Matthew. C'est à cet instant que la présence qu'elle avait détecté lui sembla hostile et elle n'arrivait pas à comprendre comment elle ne l'avait pas sentit avant. Matthew avait été très malin sur ce coup-là, il s'était éloigné.

Mais c'était sans compter sur ses facultés extraordinaires. Elle grimpa sur l'immeuble le plus proche et quelques sauts plus tard, elle arriva juste à temps pour voir Matthew au sol et l'ennemi une arme braquée sur lui. Elle retint un grognement distinctif avant de s'élancer dans le vide.

Comme tu l'auras comprit, tu n'as pas le choix. Je vais te laisser deux petites minutes pour me donner une réponse plus adéquate. Réfléchis bien...

Vanessa atterit sans un bruit sur le sol, tel un fantôme, elle sembla effleurer le goudron, comme si elle n'avait aucune consistance. C'est pourquoi l'agent ne l'entendit pas. Elle s'avança alors et se posa derrière lui, de manière à pouvoir le maîtriser s'il se retournait.

" Et moi je te laisse une minute pour poser ton arme doucement et te retourner si tu ne veux pas souffrir ! "

Les yeux de Vanessa scintillèrent de cette lueur dorée, exclusive aux félins tandis qu'elle prononçait ses menaces. Elle ne plaisantait pas, surtout pas quand il s'agissait de la vie de son ami. Mais l'homme ne semblait pas stupide pour un sous puisqu'il ne fit pas un mouvement pour se retourner mais il actionna son arme toujours pointée sur Matthew.

" Si tu tentes quoique ce soit, je tire sans hésité ! "

" Ton boss ne sera pas très content de voir que tu as tué un élément qu'il veut dans ses rangs. "

" Qui parle de le tuer ? " L'agent avait agit si rapidement qu'elle n'avait pas vu le mouvement, il tira à quelques centimètres de la jambe de Matthew, le ratant de peu. Ou du moins, l'épargnant de peu. Vanessa se sentit alors décollé du sol, elle s'écrasa quelques mètres plus loin contre un mur et retomba sur ses pieds, comme un chat. Un télékinétique, c'était bien sa chance ! Mais au moins, il avait détourné son attention de Matthew.

" Une féline, mon boss ne m'en voudra pas si je te tue toi ! " Mais le coup de feu qu'il tira s'écrasa contre le mur près de Vanessa, elle était trop rapide pour lui. Mais avec son pouvoir, elle allait avoir du mal à l'approcher. Ce que lui confirma l'agent en la rabattant contre le mur au moment où elle cherchait à s'élancer de nouveau.

Matthew réfléchissait à ce qu'il allait pouvoir dire à son ennemi, lorsque Vanessa avait atterrit dans son dos, silencieuse comme une ombre. Une part de lui était contente de la revoir, car cela signifiait qu'il avait plus de chances de s'en tirer vivant. Toutefois, l'autre maudissait son courage... Mais pourquoi était-elle revenue ?!

Vanessa : Et moi je te laisse une minute pour poser ton arme doucement et te retourner si tu ne veux pas souffrir !

Ennemi : Si tu tentes quoique ce soit, je tire sans hésiter !

Son arme était chargée, et prête à faire feu. Immobile, le jeune homme s'efforçait de calmer son cœur, qui battait la chamade. Non, il n'allait pas le tuer si son supérieur lui avait demandé de le lui ramener vivant...
Cela lui vaudrait des tourments qu'il ne prendrait pas le risque d'endurer.

Vanessa : Ton boss ne sera pas très content de voir que tu as tué un élément qu'il veut dans ses rangs.

Vanessa, maligne, l'avait comprit aussi. Toutefois, elle n'avait pas du prévoir ce qu'il s'était passé ensuite...

Ennemi : Qui parle de le tuer ?

Une détonation s'était faite entendre. Matt avait fermé les yeux, ne manquant pas d'adopter une position foetale, tentative de défense vaine mais instinctive.
Le projectile n'avait raté sa jambe que de peu.
Il s'était redressé en constatant que le télékinésiste ne s'intéressait plus à lui. Au lieu de cela, il s'en prenait à la féline, chose que le surdoué avait à tout prix cherché à éviter...

Ennemi : Une féline, mon boss ne m'en voudra pas si je te tue toi !

Légèrement titubant, le mutant s'était relevé, et, chose dont il ne se serait pas cru capable, était allé se placer devant son amie, les mains levées pour inciter leur adversaire au calme.

- Arrêtez, ne lui faites pas de mal. Je vous suivrais si vous la laissez partir.

Sans quitter son interlocuteur des yeux, il avait légèrement tourné la tête en direction de la femme-chat, à qui il avait murmuré :

- Vas t'en, ne restes pas là. Ne lui donne pas l'occasion de te tuer, des gens ont besoin de toi...

Vanessa : Tu as l'air d'oublier petit génie que mon job consiste à empêcher les mutants de tomber dans leurs griffes ! Tu as donc besoin de moi à cet instant !

Bien entendu, elle ne comptait pas lui obéir aussi facilement. Cela aurait été trop beau. Toujours immobilisé dans sa posture à la fois défensive et soumise, le jeune homme avait reprit, sur le même ton :

- S'il te plaît...

En face de lui, l'homme affichait une expression satisfaite. Sa mission allait s'avérer plus facile que prévu, grâce à l'intervention de la féline.

Ennemi : Sage décision, alors tu vas t'avancer doucement, mains en l'air. Et la féline reste derrière, contre le mur !

Matthew allait s'exécuter, espérant que son interlocuteur tiendrait sa parole en ne s'en prenant pas à son amie, mais cette dernière avait refermé une de ses mains sur sa veste pour le retenir.

Vanessa : Et si tu crois que personne n'a besoin de toi ...

Ces paroles, à peine audibles, avaient fait affluer en lui une foule de sentiments qui ne lui étaient pas familiers. Jusqu'à présent, les seules personnes qui lui avaient fait comprendre qu'ils avaient besoin de lui, c'était les gens de Génome-X, et leurs intentions n'étaient pas des plus louables.
Toutefois, il se retrouvait là face à une situation complètement différente. Pendant longtemps, il avait pensé que c'était lui qui avait besoin des autres pour exister.
La jeune femme, par cette déclaration d'amitié pure, l'avait touché, en lui démontrant le contraire...

A quelques mètres de là, leur adversaire avait de nouveau pointé son arme sur lui.
Matt n'était pas moins effrayé, mais mourir après avoir entendu ce qu'il venait d'entendre lui semblait étrangement moins terrible.



En l'espace de quelques secondes, tout s'était de nouveau accéléré. Pour lui éviter des coups de feu, la femme chat l'avait attrapé par la main, avant de l'entraîner à sa suite hors de la portée du tueur.

Vanessa : Ça te dit un tour dans les égouts ?

Un tour dans...?!
Avant qu'il ait eu le temps de lui donner la moindre réponse, le surdoué avait senti ses doigts glisser des siens, sans qu'il ne puisse rien y faire.
Tandis que l'employé de Génome-X était distrait par autre chose, il s'était précipité en direction d'une bouche d'égout, qu'il avait maladroitement ouverte.
Il aurait pu s'échapper seul, et laisser Vanessa aux prises avec l'homme, mais il ne pouvait s'y résoudre.
Il n'était pas le mutant le plus courageux, ni et encore moins le plus apte à la protéger, mais c'était son amie, l'une des seules, sinon la meilleure.
Il lui devait secours et assistance.

Oui, mais comment ?
Une bouteille de bière, à ses pieds, avait été la seule chose qu'il avait trouvée pour détourner l'attention de son ennemi.
En atteignant un point à l'arrière de sa tête...
Raté. Comme quoi il était possible d'être intelligent et maladroit. Le télékinésiste n'avait pas été assommé, ni même blessé à vrai dire, mais il aurait sûrement une bosse le lendemain, ce qui l'avait mit en colère.

Furieux, il avait parcouru la courte distance qui le séparait de Matthew, avant de se saisir de son bras gauche, qu'il avait tordu avec violence dans son dos pour le contraindre à s'agenouiller.

Ennemi : Tu croyais pouvoir m'avoir comme ça ?! Minable, je te jure que tu vas le regretter !

La " victime " serrait les dents, le pistolet posé à l'arrière de sa nuque, espérant que sa camarade mettrait ces quelques secondes à profit pour intervenir...

Après avoir laissé échapper un grondement de colère, Vanessa était intervenue, comme son ami l'espérait, lui permettant d'échapper au joug de l'ennemi.
Si tout se déroulait comme prévu, ils lui échapperaient d'ici peu, sains et saufs...

Vanessa : Allez saute, je te suis !

Comprenant qu'il ne lui serait plus d'aucun secours à la surface, le jeune homme avait obéit, sans trop réfléchir. C'était qu'il y avait urgence...
Le premier mètre, il l'avait descendu à l'échelle, mais la distance restante, c'était un " saut non voulu " qui lui avait fait parcourir, avant qu'il ne s'affale sur le sol, au beau milieu d'une flaque d'eau sale de taille imposante.

* Ouch *

Sa situation avait été analysée par son cerveau plus rapidement qu'il ne l'aurait voulu maintenant qu'il était tiré d'affaire :
Bien entendu, il s'inquiétait pour la jeune femme, qui se battait toujours pour lui, mais en plus, il avait été rattrapé par une désagréable sensation d'étouffement qu'il ne connaissait que trop bien...

Ah non zut, ce n'était vraiment pas le moment !
Claustrophobie, quand tu nous tiens...
Il n'y voyait rien, plongé dans l'obscurité comme il l'était, si bien qu'il ne pouvait espérer trouver une bouche d'aération pour se rassurer.
Et en voulant se relever, il avait ressentit une violente douleur dans son épaule.
Génial, il ne manquait plus que ça... elle avait sûrement été démise lorsque son poursuivant lui avait retourné le bras dans son dos...



Plusieurs minutes s'étaient écoulées avant qu'un bruit mat ne retentisse à quelques mètres de l'endroit où il se trouvait.

- Vanessa ?

Vanessa : Non, c'est le père noël ! Viens par là !

Matthew était impressionné par la capacité qu'avait son amie de plaisanter dans une situation aussi critique.
Crispé, il avait refermé sa main sur la sienne avec un certain soulagement, certain d'être guidé au mieux par la féline, qui grâce à ses yeux spéciaux, devait y voir bien mieux que lui.
Il la suivait depuis peu quand quelque chose l'avait heurté, et que des coups de feu avaient retentit dans la galerie.
Ce serait un miracle si les balles qui ricochaient sur les murs ne les touchaient pas...

Ils devaient être exceptionnellement chanceux, car à sa connaissance, ils étaient saufs.

Ennemi : Vous ne pourrez pas rester là indéfiniment, vous finirez bien par sortir !

C'était vrai. Une chance qu'en apprenant le plan de New-York, le jeune homme en ait aussi apprit la partie souterraine !


***

Le calme était revenu, mais pour combien de temps ?
Qu'importe après tout, autant profiter au mieux de cette accalmie...

Vanessa : Ça va ?

En vérité, il aurait préféré se trouver dans un autre endroit, et ne pas ressentir la douleur qui partait de son épaule et se répercutait dans tout le haut de son corps, mais il ne voulait pas l'inquiéter. Aussi, il avait vaguement hoché la tête, avant de lui retourner sa question :

- Et toi ?

Sa respiration était anormalement rapide et saccadée. Si elle y prêtait attention, Vanessa saurait qu'il paniquait à moitié.
En prenant conscience qu'il serait sa main avec un peu trop de force, il l'avait lâchée, avant de reprendre la parole à voix basse, et les paupières closes :

- Tu crois qu'il est... parti ?

Pour occuper son esprit, il se récitait une fable chinoise, La lune dans l'eau

* 水中捞月

孙悟空想长生不老，
便穿大洲、过大洋到处
去寻找长生不老之术，
最后拜在菩提祖师门下... *

... Avant que la jeune femme ne bouscule un peu trop son épaule amochée :

- Ouch !

Cette plainte lui avait échappée...

Et toi ?

Il avait à peine répondu à sa question, une simple hochement de tête était-il censé la rassurer ? Trop occupée à définir si le mutant était parti ou non, Vanessa ne prêta pas attention au départ à l'aspect légèrement paniqué de son ami. Le danger que représentait Genome X semblait plus important pour elle sur l'instant. Elle sentit la main de Matthew lui échapper sans se rendre compte qu'il la serrait. Il faut dire qu'elle ne ressentait pas la douleur comme une personne normale. Les conséquences des coups répétaient contre les murs de betons s'estompaient déjà et elle reprenait toutes ses capacités à cet instant. Aussi, elle sourit légèrement en répondant.

" On ne peut mieux ! " Ironisa-t-elle, sans se douter que son ami lui avait menti sur son état.

Pourtant, elle commençait à ressentir les battements accélérés du coeur de Matthew et sa respiration saccadée.

- Tu crois qu'il est... parti ?

Vanessa se tourna vers le petit génie en herbe pour voir qu'il ne semblait pas au meilleur de sa forme. Elle releva les yeux vers l'ouverture par laquelle ils étaient entrés dans les égouts de la ville et grimaça légèrement.

" S'il revient les mains vides, il risque de se faire passer un savon. A mon avis, il aura la patience de nous attendre ... "

En clair, non il n'était certainement pas parti. Vanessa scruta l'horizon, tout autour d'elle était bien triste et même si elle y voyait comme en plein jour, l'atmosphère macabre de l'endroit arrivait à lui donner des frissons. Ajouté à cela que le seul bruit qu'ils entendaient était un tuyau visiblement cassé qui laissait tombé une goutte très régulièrement sur un autre tuyau. Ce qui avait le don d'agacer Vanessa. Elle allait ajouter quelque chose en se redressant légèrement quand Matthew émit un gémissement de douleur. Elle se retourna vivement, constatant qu'elle l'avait touché en bougeant, elle fronça les sourcils, soudain plus inquiète.

" Tu es blessé ? "

Mise à part sa blessure à l'arcade, la mutante ne percevait pas de trace de sang sur son ami. Peut-être s'était il fait mal en tombant, comme elle l'avait alors craint en le regardant descendre dans les égouts.

Vanessa : S'il revient les mains vides, il risque de se faire passer un savon. A mon avis, il aura la patience de nous attendre ...

Évidemment. Pour un garçon intelligent, il posait parfois des questions vraiment stupides...
Bon, rassembler ses esprits, se lever, et s'éloigner de la source du danger. C'était ce qu'il y aurait eu de mieux à faire, mais pour le moment, Matthew était occupé à lutter contre ses démons...

Vanessa : Tu es blessé ?

Cette question l'avait ramené à la réalité. Sans regarder son amie, comme s'il craignait qu'elle perçoive un mensonge dans ses yeux, il lui avait répondu :

- Mon épaule gauche doit être démise, mais ce n'est pas très grave.

Il y avait plus important...
Si leur ennemi décidait de descendre pour les chercher, ou pire, appelait du renfort pour les cueillir, ils seraient dans de sales draps.

- Je dois dire que je n'aime pas beaucoup être sous terre, alors... on ferait mieux de se diriger vers une sortie. Je devrais pouvoir te guider si tu m'empêches de rentrer dans les murs.

Lentement, il avait passé une main sur son visage, avant de se contraindre à bouger.
Il se remettrait de ses émotions plus tard.

Sa main droite, légèrement moite, s'était de nouveau refermée sur celle de la féline.
A défaut d'avoir une voiture sous la main, ils pouvaient toujours faire comme si : elle serait les phares, lui le GPS...

Vanessa : Tu vas quand même pas me dire que tu as appris par cœur le réseau souterrain de la ville ?

Machinalement, le jeune homme avait haussé les épaules, réveillant sa douleur, avant de lui répondre :

- Euh... si. Je me suis dis que ça pourrait toujours être utile.

Vanessa : Il faut vraiment que tu te crées une vie sociale !

Ah la vie sociale... C'était un problème de se lier d'amitié avec des inconnus quand on ne pensait pas de la même façon que la majorité d'entre eux. Beaucoup de jeunes n'aspiraient qu'à passer de belles soirées arrosées en boîte de nuit, et à vrai dire, ce n'était pas vraiment la tasse de thé de notre surdoué...
Aussi, il se sentait facilement décalé, sinon différent, ce qui n'était pas particulièrement agréable à vivre, mais en même temps, il ne pouvait pas changer sa nature profonde pour plaire !

" Profites de la vie ! ". Cette phrase, il l'entendait souvent, mais au fond, que signifiait donc profiter de la vie ? Ne suffisait-il pas de la vivre comme on l'entendait, sans chercher à entrer dans un moule ?

Ils avançaient depuis seulement quelques minutes, quand Vanessa s'était souvenue de son mensonge, qu'elle n'avait visiblement pas du tout apprécié...

Vanessa : On est censés se dépêcher ou tu crois que ta voisine à déjà lancé l'alerte au gaz ?

Le surdoué s'était arrêté. Si son interlocutrice était en mesure de voir son visage, elle pourrait se rendre compte qu'il éprouvait de réels remords à avoir agit ainsi...

- Je t'ai mentis... Ce n'est pas que je ne te pense pas capable de te défendre, au contraire... Je sais que j'aurais du te prévenir pour ce type, mais...

Il s'était interrompu l'espace d'un instant. On aurait dit un enfant qui confessait ses fautes à sa mère, penaud.

- Vraiment, je suis désolé. Je ne voulais pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi.

- Euh... si. Je me suis dis que ça pourrait toujours être utile.

Vanessa lui lança un regard en biais, légèrement dubitative. Il avait ainsi appris le réseau souterrain de la ville. Au cas où visiblement. Etait-il encore plus intelligent qu'elle ne le pensait ? Elle sourit légèrement, il était décidement irremplacable, unique en son genre. Absolument génial.

" Tu m'avais caché tes talents de médium ! " Déclara-t-elle après quelques secondes à sourire silencieusement du manque d'interêt pour la vie humaine de son ami.

Il semblait si déconnecté de la réalité à certains moments. Complètement à la masse, préférant apprendre des plans, à lire plutôt que s'amuser, sortir et créer de nouveaux liens. Si elle ne lui avait pas parlé la première fois qu'elle l'avait vu, elle ne l'aurait certainement pas connu. Elle trouvait ça dommage, Matthew était quelqu'un qui gagnait à être connu. Intéressant, drôle malgré lui, restant fidèle à chacun de ses principes. Il était socialement intéressant. Visiblement, c'était la société qui ne l'intéressait pas. Elle était contente d'être cette exception auprès de lui.
Mais sans pouvoir s'en empêcher, elle lui en voulait et elle lui avait dit. Mais elle l'avait aussitôt regretté. Il s'était arrêté et elle avait suivit son mouvement, se retournant lentement pour voir son visage empli de remords. Parfois, elle s'en voulait d'être si directe, susceptible et nerveuse. Mais elle lui en voulait aussi. Enfin, son esprit était visiblement corrompu par la gueule d'ange de Matthew. Elle poussa un soupire à sa première remarque mais il finit de l'achever.

- Vraiment, je suis désolé. Je ne voulais pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi.

Soit il savait s'y prendre, soit il était naturellement doué pour faire fléchir les gens. Poussant un nouveau soupire, il restait un peu de force à Vanessa pour manifester une dernière fois son mécontentement.

" Hum ... "

Cela laissait entendre que ses excuses ne suffisaient pas. Mais elle ne put se résoudre à cela et elle finit par souffler de nouveau, comme si les malheurs du monde s'étaient abattus sur elle subitement. Elle leva les yeux au ciel, bien qu'il lui fut impossible de la voir puis elle se reprit rapidement.

" Bon ça va pour cette fois mais ne t'avise pas de recommencer ou je me ferais une joie de te découper en tout petits morceaux ! " Lanca-t-elle d'un ton enjoué, presque sadique mais surtout ironique. Elle plaisantait et elle lui faisait comprendre. Oui, Vanessa était quelqu'un de lunatique. Surtout avec Matthew. Il avait ce don particulier de lui faire retrouver le sourire en quelques minutes. Elle qui était déjà bien souriante et pleine de vie, elle n'arrivait pas à lui en vouloir plus de cinq minutes consécutives. Elle lui attrapa la main de nouveau pour continuer leur marche dans les égouts de la ville.

" En tout cas, je t'ai découvert un courage que je ne connaissais pas, tu m'as impressionné tout à l'heure ! "

Elle ne parlait pas de cette tentative d'éloignement stupide mais de la manière dont il s'était mis devant elle pour la protéger. Si elle avait dut s'en sentir offusquée, c'était le contraire qui s'était passé. Parfois la femme prenait le dessus sur l'animal et son orgueil n'en était pas touché. Elle avait simplement été émue du geste de son ami. Elle serra légèrement sa main pour le lui faire comprendre, à défaut de pouvoir se plonger dans ses yeux clairs.

Vanessa : Hum ...

Pendant un instant, le jeune homme avait crû que ses excuses sincères ne suffiraient pas à calmer la colère de son amie.
Avec un peu de malchance, elle se serait sentie tellement trahie qu'elle ne voudrait plus jamais ni lui adresser la parole, ni le voir...
Enfin, peut-être pas à ce point là, mais bon !
Fort heureusement, elle avait reprit, sur un ton plus enjoué :

Vanessa : Bon ça va pour cette fois mais ne t'avises pas de recommencer ou je me ferais une joie de te découper en tout petits morceaux !

Évidemment, elle plaisantait, même si son petit air sadique aurait pu laisser croire à un malheureux qui ne la connaissait pas qu'elle était capable de mettre ses menaces à exécution...

Vanessa : En tout cas, je t'ai découvert un courage que je ne connaissais pas, tu m'as impressionné tout à l'heure !

Matthew avait légèrement rougit. Les compliments lui faisaient souvent cet effet là, même s'ils étaient légitimes...
François de La Rochefoucauld avait dit un jour, " On ne peut répondre de son courage quand on n'a jamais été dans le péril. "
Aussi, il avait reprit :

- Je ne sais pas si c'est la peur, ou le courage qui m'a poussé à agir comme je l'ai fais... Mais je ne regrette rien, bien entendu !

L'une des qualités du surdoué était qu'il savait reconnaître ses faiblesses. Il n'était pas un héros, seulement un solitaire doté d'une incroyable intelligence.
Cependant, il possédait des valeurs morales, et pour lui, la moindre des choses quand on avait des amis était de prendre soin d'eux, autant que possible...
Lui que beaucoup pensaient faible et incapable de bravoure se révélait en fait plein de sang-froid lorsque les situations l'exigeaient.

- A gauche.

La main de la féline s'était resserrée sur la sienne, preuve qu'elle lui avait pardonné.
Et je vous prie de me croire qu'il en était heureux, vraiment...